Les diamants du Zimbabwe : un marché régit par le Processus de Kimberley
Pour faire suite à notre article sur les diamants de sang, nous allons nous intéresser au Zimbabwe, ce pays qui a été marqué par le Processus de Kimberley durant deux ans. En effet, les diamants bruts extraits des deux principaux gisements de Marange situés dans l’Est du pays sont depuis fin 2011 admis sur le marché légal du diamant brut par le Processus de Kimberley. Il n’en a pas toujours été ainsi puisqu’au début des années 2000, et plus précisément en 2008, ces mines ont été envahies et monopolisées par l’armée zimbabwéenne qui participait activement au trafic de diamants bruts et d’armes, massacrant les populations civiles et les forçant à travailler dans les mines. Cette violation des droits de l’homme a longtemps été dénoncée par de nombreuses organisations internationales qui ont joué un rôle majeur lors de l’adoption du Processus de Kimberley dans ce pays.
Une libre circulation des diamants qui suscite la controverse
La récente libre circulation de ces diamants bruts issus des gisements de Marange suscite donc une polémique internationale. Si la Chine et l’Inde ont accordé leur soutien au Zimbabwe, il n’en a pas été de même pour les États-Unis et l’Union Européenne. En effet, ces deux puissances mondiales restent vigilantes quant au contrôle du marché des diamants bruts issus des mines de Marange par le Zimbabwe. Même si elles ne s’opposent pas directement à ce nouvel accord de la levée du Processus de Kimberley pour ce pays, elles tiennent à insister sur les obligations du Zimbabwe à mettre en place un réel système de contrôle de ces diamants permettant d’assurer leur commercialisation dans le monde.
Vers une régulation du trafic des diamants bruts
Le Zimbabwe a montré sa volonté de répondre aux exigences internationales en donnant lieu l’année suivante, en 2012, à une conférence internationale à Victoria Falls, dans le Nord-Ouest du pays. Cette conférence a eu pour principal objectif de redorer l’image du pays mais aussi d’attirer de nombreux investisseurs. Néanmoins, les quelques 300 délégués internationaux conviés à cette conférence, dont le Président du Processus de Kimberley, Gillian Milovanovic, se sont accordés à dire que le but de cette mobilisation internationale était avant tout de mettre en vigueur une loi obligeant les compagnies minières à rendre leurs résultats d’achats et de ventes de diamants bruts publics et ainsi assurer une transparence des informations.
Car si le Processus de Kimberley a été levé pour le Zimbabwe, le marché du diamant brut reste préoccupant dans la mesure où certains représentants du pays bénéficient encore de revenus inexpliqués et probablement liés au détournement des diamants issus des gisements de Marange. Ce fut en effet le cas du Président et dictateur Zimbabwéen depuis 1987, Robert Mugabe et de ses proches qui se sont enrichis au détriment des populations civiles qui ont été massacrées.
Une recherche d’investisseurs étrangers et une meilleure gestion des mines
C’est donc deux ans plus tard que s’est tenue la seconde Conférence du Diamant du Zimbabwe. Elle a été organisée par le Ministère des Mines et du Développement Minier du Zimbabwe et a eu lieu en novembre dernier à Harare, la capitale du pays. Cette conférence avait pour thème principal : l’investissement étranger et l’équipement d’exploration et d’exploitation minière, deux ressources dont a besoin le pays pour exploiter ses mines de diamants. A travers cette conférence, le pays a souhaité démontrer son progrès depuis la levée du Processus de Kimberley fin 2011, l’objectif étant de mobiliser les avantages financiers que peuvent apporter les investisseurs étrangers. Or, la corruption politique et la violation des droits de l’homme restent présentes dans les esprits, malgré le discours positif prononcé par le Président Mugabe : « Nous avons rationalisé le système d’octroi de licences concernant l’exploitation de diamants afin qu’il puisse bénéficier au gouvernement et au entreprises privées […] Nous avons surmonté certains des défis lancés par le Processus de Kimberley et nous devons dès à présent nous consacrer à l’industrie locale du diamant afin qu’elle puisse bénéficier à la population locale« .
Propos appuyés par le Ministre des Mines et du Développement Minier du Zimbabwe, Walter K. Chidhakwa, puisqu’il a déclaré que le secteur minier a été l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie du pays durant ces 5 dernières années. Le secrétaire permanent au Ministère des Mines et du Développement Minier du Zimbabwe, le Professeur Francis Gudyanga a ainsi rappelé que le but de cette conférence était de « trouver des stratégies pour la croissance et le développement durables de l’industrie locale du diamant et par conséquent l’ensemble du pays« .
Une coopération internationale bénéficiaire au développement du pays
Toutefois les avis restent partagés et certains participants n’ont pas hésité à rappeler le rôle du gouvernement et du président dans les massacres de centaines d’habitants. Selon eux, les investisseurs étrangers ne seront donc pas prêts à investir durablement et à grande échelle au Zimbabwe.
Néanmoins, le Président du Conseil Mondial du Diamant, Eli Izhakoff tente de nuancer ces propos en rappelant que l’objectif commun depuis la fin du Processus de Kimberley sur le pays en 2011 est de permettre au Zimbabwe de développer ses ressources diamantaires pour le bénéfice du pays et de ses citoyens sur le long terme. Mais il précise que le développement et la croissance du Zimbabwe ne peuvent se faire sans une coopération internationale.