Les seigneurs de guerre continuent d’utiliser le marché des diamants pour financer illégalement les conflits qui frappent le pays. Il semble que la valeur totale actuelle du commerce illicite de diamants centre-africains ainsi que celle du niveau de fiscalité des groupes rebelles armés de la RCA soient estimées entre 3,87 et 5,8 millions de dollars par an.
C’est en tout cas ce que dénonce l’Enough Project, une organisation située aux Etats-Unis et plus précisément à Washington, qui s’attache à mettre un terme aux génocides et aux crimes contre l’humanité ayant lieu dans divers pays du monde.
Une situation ambigüe
Malgré l’interdiction fixée par le Processus de Kimberley depuis mai 2013, destinée à suspendre le trafic de diamants de sang en République Centre Africaine, les deux principaux groupes de rebelles armés utilisent encore et toujours les diamants pour financer leurs activités. Ainsi, le groupe rebelle de l’ex Séléka et le groupe rebelle de l’Anti Balaka pillent et volent à la fois les mines de diamants mais aussi les mines d’or dont la marchandise extraite est directement vendue à des intermédiaires.
Une fois les diamant et l’or revendus, les marchandises sont ensuite acheminées clandestinement de la République Centre Africaine vers les pays voisins et notamment au Cameroun, en République Démocratique du Congo et au Soudan. Une partie des marchandises se retrouve par la suite sur les marchés internationaux.
Certains diamants de République Centre Africaine sont revendus localement. Ces diamants sont rachetés pour l’essentiel par trois principales « centrales » d’achat de diamants qui détiennent à ce jour près de 8 millions de dollars de diamants. Mais cette pratique reste « légale » puisqu’officiellement ces diamants ne sont pas exportés et ne violent donc pas les règles du Processus de Kimberley.
Des solutions encore insuffisantes
Alors qu’une récente discussion du système du Processus de Kimberley concernant une levée partielle des restrictions en RCA a eu lieu, ce nouveau climat est propice à la critique des moyens mis en place pour lutter contre le conflit des diamants de sang dans ce pays. En effet, un système de traçage de diamants en RCA serait insuffisant si les groupes armés prennent le contrôle des mines de diamants.
De ce fait, l’organisation annonce que pour contrer ce danger, toute levée des restrictions du Processus de Kimberley concernant les diamants de la République Centre Africaine devrait être accompagnée d’une suppression de tous les groupes armés des sites miniers, du contrôle des marchés de négoce de diamants et d’un suivi sérieux des diamants achetés et vendus par ces sociétés diamantaires d’Afrique Centrale et notamment concernant les diamants destinés à l’exportation.
Ainsi, selon L’Enough Project il faudrait remplir certaines conditions avant la levée des restrictions du Processus de Kimberley concernant la République Centre Africaine : il est nécessaire d’établir des statistiques de production de référence pour les mines de diamants ; le Processus de Kimberley devrait établir une équipe destinée à la surveillance de l’entrée des diamants de sang dans les chaînes d’approvisionnement ainsi qu’identifier clairement le rôle des sociétés diamantaires de RCA dans l’achat et la vente des diamants locaux.