Les diamants de sang : entre manne financière et polémique
Les diamants de « sang » ou les diamants de la guerre tiennent leur nom des différentes guerres menées contre les gouvernements de plusieurs pays d’Afrique par les rebelles entre les années 1990 et 2000.
En effet, ces diamants issus du continent Africain sont extraits des mines localisées dans les zones de conflit telles que l’Angola, le Liberia, la Sierra Leone et la République Démocratique du Congo, puis vendus illégalement afin d’alimenter le trafic d’armes de ces rebelles.
Une monnaie d’échange servant à financer les groupes de rebelles
C’est avant tout en Angola que les diamants de sang ont été évoqués dans la fin des années 1990. Le groupe de rebelles armés appelé l’Union Nationale pour l’Indépendance Totale de l’Angola (UNITA) a été dénoncé en 1999 suite à son trafic de diamants bruts contre des armes. Ces activités illégales ont permis aux rebelles de financer leurs actions militaires et politiques au détriment des populations et du gouvernement. Ce trafic a ainsi alimenté de façon certaine une guerre civile des plus meurtrières. Les pratiques de ce groupe de rebelles dénoncées par l’Organisation des Nations Unies (ONU) vont notamment à l’encontre des droits de l’homme.
Les diamants de sang ont également eu des échos en République Démocratique du Congo, et notamment lors de la fin de la Guerre Froide. Les aides apportées par les Pays Occidentaux ont considérablement diminué, provoquant un affaiblissement de l’Etat et du Gouvernement congolais. Cette situation politique et économique ouvre donc les portes au mouvement rebelle : L’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDLC). Deux guerres s’en sont suivies, 1996 puis 1998 provoquant le massacre et le déplacement de nombreuses populations. C’est au début des années 2000 que l’ONU a dénoncé ces pratiques
De même, les conflits étroitement liés entre le Libéria et la Sierra Léone, ont donné naissance à des groupes rebelles armés tels que le NPFL (le Front National Patriotique du Libéria) et le RUF (le Front Révolutionnaire Uni) depuis le début des années 1990. Leurs pratiques politiques et militaires ont été financées essentiellement par le trafic de diamants bruts et dénoncées par l’ONU au début des années 2000.
L’embargo sur les diamants de conflit, l’ONU se mobilise
La Communauté Internationale s’est depuis mobilisée afin d’éradiquer ce commerce de diamants « sales ». Une des premières mesures prises par l’ONU a été l’embargo des diamants en provenance de ces pays d’Afrique. Néanmoins, même s’il a permis un essoufflement certain du marché des diamants de sang, il a provoqué en parallèle l’essor de canaux clandestins comme pour les diamants de Côte d’Ivoire qui passent par le Ghana avant d’entrer sur le marché diamantaire légal.
C’est pourquoi en 2003 a été instauré le Processus de Kimberley (lieu où les pays producteurs de diamants d’Afrique Australe se sont réunis en 2000 pour mettre un terme au commerce des diamants de sang) destiné à mettre en place un régime international de certification des diamants bruts. Il permet de réguler l’exportation de diamants bruts et de contrôler davantage leur provenance. Chaque Etat membre doit ainsi émettre des certificats attestant que les diamants exportés ne sont pas issus de ces zones de conflit.
A ce jour, 81 pays (soit plus de 99% de la production mondiale de diamants bruts) font partie du Processus de Kimberley et participent activement à la lutte contre le financement de ces guerres par le diamant. Depuis la mise en place de ce système de certification (SCPK), la part des diamants issus des zones de conflit représente moins d’1% du marché diamantaire international.
Ces diamants de sang n’ont pas mobilisé uniquement les puissances internationales. La médiatisation autour de ces conflits a inspiré de nombreuses personnes dont des producteurs et des artistes. Ainsi, en 2007, le Film Blood Diamond réalisé par Edward Zwick, avec Leonardo Dicaprio, reprend et dénonce les conflits liés au trafic de diamants bruts dans les pays d’Afrique.